Dissociation estudiantine

Ce matin, je me réveille difficilement. Mon corps engourdi par le sommeil est récalcitrant. Mon esprit, perdu dans les rêves de la nuit.

Quand je regarde l’heure sur mon écran, mon cœur bat en sautant. Je me lève d’un bond et me dirige vers la salle de bain. L’eau chaude me détend, me réchauffe. Mes yeux se ferment sous le jet puissant, un rayon de soleil les fait rouvrir. Je sors vite de la douche, frissonnant sous l’air froid.

Je m’habille, machinalement, sans envie. Mon reflet dans le miroir est une découverte presque à chaque matin, à chaque coup d’œil, qui suis-je ? Je marche comme un mort-vivant, les pieds traînant sur le sol. Sans objectif, j’avance, j’erre vers l’université.

Dans l’amphi, au fond, mon corps tombe sur l’assise inconfortable. Des gens rient mais sont vite interrompus. Le professeur impose le silence, la morosité. Nous sommes là pour apprendre, pas pour vivre. Nous espérons vivre des jours heureux, mais nous ne savons pas quand.

Soudain, je sens une main sur mon épaule. C’est Charlotte. Ah, c’est la pause.

Alors, dans le vacarme de cette horde d’étudiants, je me faufile, pour atteindre l’élixir, le tant attendu café. Et là, c’est le drame, la machine est en panne. La seule petite source de dopamine qui nous était accessible nous échappe, il est déjà l’heure de retourner en amphi.

Aujourd’hui, le RU est fermé. Grève, qu’ils disent. Alors on les maudit, bloqués dans nos contrariétés, qui sont considérées comme des niaiseries, des futilités.

Excusez-moi.

Excusez-moi, Monsieur, exténuée de mes nuits tourmentées par l’anxiété, d’avoir somnolé pendant le cours.

Veuillez m’excuser, Madame, de ne pas avoir su répondre à la question du TD, sous l’effet des Benzo.

Excusez mes absences « injustifiées », synonymes de l’altération de mon corps face aux angoisses et aux balafres de la vie.

Tout d’un coup, le bruit, l’appel de mon ventre vide, la lumière éblouissante du plafond, tout comme la voix bourdonnante du professeur, reviennent.

T’as compris ce que c’est, le processus d’anthropisation, toi ? Je capte rien ! me murmure Charlotte.

Dilith

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