Le songe d’un jour de mai

PERSONNAGES :

MAEVA, amie d’Eléa

ELEA, amie de Maëva

ACTE PREMIER

Scène I

ELEA, MAEVA

(Maëva marche et s’installe sur une butte. Elle se met à lire.)

Maëva : Les cours : c’est OK. Les devoirs : OK. Je vais enfin pouvoir continuer mon roman !

(Eléa voit Maëva et s’approche.)

Eléa : Ah putain, y’a aucune machine qui marche ! J’ai fait tous les bâtiments !

Maëva (les yeux toujours rivés sur son livre) : Faut décrocher de la caféine, c’est ton quinzième depuis le début de la matinée… Non mais ce n’est pas possible, elle ne va pas garder ce type en vie ! Ça fait 600 pages que j’attends sa mort !

(Eléa s’assoit.)

Eléa : N’empêche, ça fait du bien de ne plus rien avoir à faire après ces semaines de partiels, j’ai vraiment cru que je n’en sortirai jamais ! (Maëva continue de lire.) Je ne voyais plus la fin, tout ce stress pour qu’au final avec le recul on se rende compte que ce n’était pas si important.

Maëva : C’est sûr.

(Eléa arrache le livre des mains de Maëva.)

Eléa : Voilà, comme ça tu vas me répondre des phrases sujet verbe complément.

Maëva : Je. T’em. Merde. Ça te convient comme phrase ?

Eléa : Ha ha ha. Non mais sérieux quoi, là on est tranquilles, après ces semaines de partiels, mais en vrai bientôt c’est fini, on est plus à Champollion.

Maëva : Ouais pas faux… Non mais tu veux qu’on pleure là ? C’est pas fini, il nous reste… trois semaines ? Oh mon dieu, ouais c’est bon tu me saoules, tu m’as déprimée, là.

Eléa : En vrai, c’est quoi qui va te manquer le plus ?

Maëva : Pfff… chais pas. Pas ta tête en tout cas.

Eléa : Allez c’est bon, toute façon si on est coloc tu la verras assez. Moi par exemple, ça va me manquer quand on poireaute devant les salles, qu’on parlait de tout et de rien, en attendant le ou la professeure. Ou alors le RU, quand on porte nos plateaux avec Marine et Zoé, et qu’on se plaint qu’il n’y a pas assez de place.

Maëva : C’est vrai… Ou quand justement il y avait trop de places libres et qu’on ne savait pas où se mettre. Et aussi, quand on ne savait pas où était la salle alors qu’on avait la même depuis plusieurs mois. Ou quand on monte ces foutus escaliers, en trois ans on avait toujours pas le cardio pour deux étages.

Eléa : J’ai envie de pleurer là. Ça a filé trop vite, on a vécu tous ces moments sans se rendre compte de l’importance que ça aura pour nous. Juste marcher dans le campus, ensemble, sérieux c’était les meilleurs instants que j’ai passés à l’université.

Maëva : Ne m’en parle pas. Je crois que si je devais garder un seul souvenir, je choisirais nos séances de révisions. On travaillait quoi ? cinq minutes ? avant d’allumer la PS4 et rire jusqu’à en avoir mal au ventre. Juste nous quatre et nos fous rires.

Eléa : Les chaises qui font mal aux fesses.

Maëva : Les petits dessins et mots qu’on se passait pour se souhaiter bon courage avant un oral.

Eléa : Les moments après les cours où on faisait un récapitulatif de ce qu’on avait compris.

Maëva : Ou à l’inverse quand on avait chacune compris quelque chose de différent.

Eléa : Les fous rire silencieux en cours.

Maëva : Les profs qui préviennent à la dernière minute qu’ils ne seront pas là.

Eléa & Maëva (en chœur) : Les manifestations du mardi !

Maëva : En vrai, j’ai une phrase qui va parfaitement, c’est… attends, j’essaie de me remémorer : « Ne pleure pas parce que c’est fini, souris parce que c’est arrivé. »

Eléa : C’est vrai, et de toute façon on se créera beaucoup d’autres souvenirs.

Maëva : Bon du coup… tu me rends mon livre ?

[…]

Eléa & Maëva