Chorégraphie farfadeuse

Alors que Marie-Jeanne et M. Tramadol entamaient une valse farfelue dans mes viscères, mon farfadet malicieux m’assujettit à commander un délicieux risotto au miel. Farfa par-ci, Farfa par-là, il était de mèche avec la procrastination, m’astreignant des jours passants à perpétuer un tête à tête avec mon ordinateur sans jamais conclure. Sans jamais conclure ne serait-ce qu’à l’élaboration d’une relation entre le logiciel de traitement de texte et moi, paralysant tout dessein d’une collaboration harmonieuse.

Alors que mon farfadet profanait mon nouveau sofa en soie en se livrant à une danse enivrante et obscène avec son chat Cataclysme, une chèvre hurlante des montagnes sortit des entrailles du téléviseur gobichonnant des orties calomniatrices. Mon farfadet apeuré chaparda mon dit “doudou” qu’il emporta dans les abysses de mon tote-bag. De la fumée s’échappa de l’écran, mais je réalisai alors que celle-ci venait du buffet sur lequel j’avais allumé un bâtonnet à l’odeur de noisette, que la biquette s’empressa de gober comme une pâquerette.

C’est alors que de sourds heurts se firent entendre, je me précipitai contre le judas à travers lequel j’aperçus une serpillère garer une trottinette comme un train à la gare, elle prenait toute la place devant le porche de l’entrée. Une serpillère, ou plutôt une grasse crinière d’homme. J’ouvris la porte au livreur, aussi ventripotent que sa trottinette mais pas net, il ne détenait pas le précieux risotto au miel ! Mon farfadet rempli de malice avait ramassé de la réglisse dans sa cachette, et ayant entendu la présence d’un individu, il chevaucha Cataclysme en chasse du miel, quand il se rendit compte de l’entourloupe : il savait qu’il n’y avait pas de pénurie de riz, c’est la chèvre qui le lui avait dit. Je m’aperçus que l’homme se tenant devant moi avec sa chevelure de serpillère était lui-même une saleté que l’on appelait Gérard Deux-par-Deux. Ce virus me postillonna alors : “Tu aimes le cheval ? Comme ton farfadet ! OUAAaiiis, il aime chevaucher les chats, lui ! Ouaaaiiis…”

Soudain, tel un bellissime soleil sorti des nuages après une averse, Farfa bondit sur le malotru, muni de son bâton de réglisse qu’il glissa sous l’accélérateur de la trottinette, emportant son propriétaire de manière à le faire taire.

Devant ce ballet de malice et l’éblouissement de mon farfadet ensoleillé, je fermai les yeux… J’étais sur mon sofa, le salon en bon état, pas de chèvre ni de chat, et dans mon sac, un bâton de réglisse.

Dilith