De fille en aiguille

elle veut s’étendre sur la plage

éteindre les lumières

s’épandre dans le brouillard de la nuit

et puis ils font scintiller leurs flashes

les paparazzi capturent le détail de sa vie

ils ont contre-plongé ses plans

de solitude

de poésie

de vie

elle veut s’étendre sur la plage

et elle se réveille

un goût de caféine au bout des lèvres

le soupir au bout des rêves

elle se réveille

avec l’impression de n’être plus qu’une hybride

une moitié d’elle dans le corps d’une autre

à l’étroit

entre les toits

alors elle fuit

à travers champs

les oiseaux troublent son silence

les rouges-gorges gazouillent

des mots fleuris

elle veut s’étendre sur la plage

prendre un crayon et griffonner sa vie

elle veut la paix et l’or

mais il n’y aura pas pléthore de soirs

ni de poissons fluorescents

encore moins de préambule à la noirceur

elle veut s’étendre sur la plage

effleurer le sable subsaharien

alors elle enfile sa salopette bleue

et fait ricocher un galet

sur les ruines du monde

les youyous des paparazzi sont maintenant loin

la brume l’engloutit

elle n’a plus qu’une idée noire en tête

planter cette aiguille au fond de sa fosse cubitale

alors la brume disparaît

les nuages s’installent sous ses paupières

du fond de son esprit

elle entend des sons grenouillesques

bien loin de la mélopée des mésanges

elle veut s’étendre sur la plage

mais le givre se dépose déjà sur la rive

alors elle retourne au parking

passerelle désenchantée

dans un dernier élan de folie

elle porte ses lèvres à sa gourde

antidote illusoire

tout doucement le rêve se dissipe

le réel s’engouffre par toutes les fenêtres

les phares des voitures

le brouillard

la vitesse

l’ivresse

l’extase

l’aveuglent

elle ne voit pas le cygne

dehors tout est calme

les plumes d’albâtre s’écrasent en douceur

elle n’a jamais vu les signes

l’alambic est pourtant à la place du mort

elle s’étend sur la plage

une dernière fois

les paparazzi capturent le détail de sa vie

le dédale de sa vie

elle s’étend sur la plage

héroïne d’une vie

Malo