Tout commence par un pas. Une empreinte posée sur un sentier fleuri. Plan séquence. Une femme cheveux couleur de l’eau marche sur les ruines d’un ancien cimetière. Le vert recouvre tout. Le gris n’est plus. On n’entend plus que les gazouillements, les brames, les croassements. Croisement d’une nature inhumaine. Inhumer l’humain. Cut. Plus de ville. La forêt recouvre tout. On ne sent plus que l’odeur des pins, de la rosée qui repose sur l’herbe fraîche, de la mousse humide. Travelling. Ruines d’une ville engloutie sous les eaux. Alisea, Lanarkia, Amiopsis, Foreyia. Poissons préhistoriques rendus à la vie. Anubias, Nymphaea, Cardamine, Azolla. Forêt aquatique aux mille couleurs. Hors champ. Tout commence par une femme. Une créature féerique posée sur un monde endormi. La femme recouvre tout. On ne voit plus que les femmes, courbées dans les champs, happées par les livres, ondulées sous les eaux, accrochées aux arbres, ancrées dans la vie. Prolepse. Tout finit par un pas. Une empreinte posée sur un sentier calciné. Contre-champ. Une femme cheveux couleur de cendre marche sur des cadavres. Le feu recouvre tout. La vie n’est plus. On n’entend plus que le crépitement des flammes et le hurlement des femmes. Le monde a basculé. L’homme est arrivé jusqu’à elles. Elles n’ont rien pu faire. L’homme recouvre tout. Il prend la place qu’on ne lui a pas donnée. Il fait le feu. Il met le feu. Il est le feu. L’homme a rasé les forêts, drainé les rivières, tué les poissons, brûlé les livres. Contre-plongée. Les caméras rivées sur les femmes. Elles recouvrent tout. Gros plan. Une femme prend son bain. Un œil dans le trou de la serrure. La vie n’est plus seule. Les yeux métalliques recouvrent tout. L’Enfer n’est plus sous terre. Le chaos recouvre tout. Le monde a basculé. Pompéi au temps des femmes. Elles n’ont rien pu terre. Fondu au noir.
Malo