Le coucher du soleil ainsi que le lac dessinaient le décor.
Vêtue de sa robe aussi jaune que le soleil, elle claudiqua vers le bord de l’allée, les fleurs maquillant son habit se fondaient parfaitement dans l’arrière-plan. Sa peau était illuminée par les rayons de l’astre, la faisant étinceler de mille feux. Visiblement, le soleil entretenait une relation charnelle avec les personnes de couleur.
Hésitants, ses yeux se posèrent sur le paysage qui l’entourait. C’est comme si elle découvrait le monde pour la première fois, comme un nouveau-né, comme un aveugle après des années dans l’obscurité. Une autre silhouette se dessina près d’elle, une stature plus ferme, plus masculine. Vêtue d’un costume terne, ce qui contrastait avec sa corpulence plus petite, plus frêle. Ils formaient un duo qui entrait parfaitement dans les stéréotypes hétéronormés.
Le cadre était idyllique.
La jeune femme se tourna vers lui. Leurs yeux ne se quittaient plus. Son regard était chargé de haine, de colère, comme s’il attendait la moindre petite raison pour déchaîner sa hargne sur elle. Tout le contraire de son vis-à-vis : il n’y avait aucune émotion dans ses yeux, ils étaient vides. D’un mouvement commun, ils se rapprochèrent l’un de l’autre.
Le plan était sensationnel.
Désormais face à face, ils se regardèrent, sans se quitter des yeux. On pouvait presque entendre de la musique en fond, capturant ce moment, le rendant unique et mémorable. Il n’y avait qu’eux deux, absorbés par cet espace paradisiaque.
Les yeux de l’homme s’adoucirent subitement, permettant à la jeune femme de se rapprocher encore plus de lui. Et pour la première fois, ses yeux exprimèrent enfin quelque chose ; ils brillaient comme la surface du lac éclairée par le soleil couchant.
La scène était mirobolante.
La jeune femme ouvrit la bouche, essayant d’exprimer quelque chose, mais rien ne sortit de ses cordes vocales.
Le regard de l’homme s’adoucit encore plus. Lui qui plus tôt était prêt à lui sauter dessus au moindre faux-pas, se trouvait désormais démuni face aux regards larmoyant de son opposée.
Il la prit dans ses bras, la serrant avec une fermeté qui en aurait effrayé plus d’une, mais pas elle.
Elle s’abandonna dans ses bras, pleurant pour Dieu sait quelle raison. Il la laissa faire en espérant que ses gestes la calmeraient.
Coupez !
Il n’y a pas à dire, ils avaient tous les deux mérité leurs Oscars.
Aicha HMZ