C’est ainsi que ma mémoire les retranscrit
Un grincement, le loquet de la porte d’entrée
Mes bottes sur le trottoir, une enjambée mal assurée
La mauvaise herbe qui embrasse le bitume
Les gouttes qui clôturent leur voyage sur mon visage
Comme une escapade, une échappée
Un pas en avant, un geste de la main
Le signe de tête du chauffeur de bus
Le siège du fond, la gravure sur le plastique du dossier
L’enfant qui colle son front à la fenêtre, la buée
Les yeux grands ouverts, tout est clair
La tapisserie bleue qui s’émaille, le vieux lustre
Ma grand-mère, son beau sourire abîmé
Sa main rêche qui serre mon coude
Une tasse de café oubliée
Tout est perceptible
La rivière d’en bas, ma rivière
La valse des senteurs, des éléments, mes pieds dedans
La nuée d’oiseaux là-haut contre l’azur
Le cerisier, les yeux d’un chien
Souvenirs d’une autre réalité ?
À demi mots, jours printaniers.
Camille