Ce matin, son café était plus amer
Sa course contre la montre laissait dans sa bouche un goût de fer
Le tabac froid de la soirée d’hier
Imprégné dans sa chair
N’était même pas couvert
Par son parfum trop cher
Les bancs de la fac si étroits
Le son des touches qui cognent contre les parois
De son crâne douloureux, joli parfois
Mais pas cette fois
Elle aurait dû se laisser le choix
De ne pas y aller, au moins ce jour-là
Une filière qu’elle n’avait pas choisie
Des professeurs qui semblaient ternis
A la vue de leurs étudiants dans l’ennui
Et elle qui aurait tout fait pour partir loin d’ici
Se retrouvait figée, cruelle inertie
Tout plaquer, tout quitter
On ne voit ça que dans les séries B
Elle se contentait de laisser défiler les années
Perdue dans l’immensité, intriguée
Voulant tout essayer, partout elle savait qu’elle échouerait
Alors stagner restait sa seule possibilité
Car le confort
Des mêmes draps, toujours défaits, dans lesquels elle s’endort
Ne pouvait égaler une vie d’oxymores
Une étudiante pauvre aux mains d’or
Tente d’apaiser cette angoisse qui jamais ne dort
En écoutant Vienna un peu plus fort.
Luna