Motif d’absence : fièvre

Un corps miséreux étendu dans le coin du regard. C’est le mien ? Le doute balance autour de ce teint blafard. Le soleil quitte mon sourire pour me laisser seulement son feu dans la tête. Avant même de réaliser l’ardeur de mon mal, il s’installe dans ma chair, s’ancre dans mes veines, déchire mes viscères. La brûlure négligente autour de mon crâne s’enhardit pour consumer tout mon esprit. Ma conscience oscille entre les scintillements guillerets valsant au-dessus de ma forme. Chacune de mes quintes plonge mes tempes dans un fracas bouillonnant. Mes tourments superficiels s’évanouissent dans la tendresse d’un retour à la normale. Me voilà ailleurs, de l’iode débordant des narines, j’enrage mes pas insolubles à travers les courtes écumes. Il faut lutter, il faut s’accrocher aux miettes d’allégresse qui me subsistent. L’essence de ces intentions s’épuise dans le brouhaha migrateur d’un novembre sur les côtes ouest. Mon cœur s’affole sur le rythme de ces pépiements agressifs. Cela encourage ma dépression corporelle à se concentrer en un chagrin liquide. Ce dernier chavire des crevasses entre mes cils, jusqu’au sol. Le sable s’y écrase telles les vagues contre un récif abandonné par les flots. Le pétrichor de mes larmes me traîne hors de mon trépas. Mes plaintes réformées se perdent dans le paysage. Je réalise : qui va pouvoir témoigner de ma faiblesse en cet instant ?

Il n’existe aucune place pour s’enquérir de mon état. Alors j’inscris mon nom, je remplis le motif, je signe.

J’ouvre la réponse.

Motif irrecevable.

Je meurs une seconde fois.

Taïna