Appétit insatiable. Ta longue solitude
S’est transformée en ver, rongeant chaque parcelle
Du trou interminable de décrépitude
Dont tu deviens le père. Tes dents de caramel
Ne portent plus les mots qui se heurtent à ta gorge.
Las de n’être entendu, tu hurles à l’intérieur,
Allumettes et mégots, chaque jour tu reforges
L’allure du pendu, replongeant dans l’horreur.
Gueule en putréfaction, tout est vide de sens,
Chacune des pensées est envahie d’un manque.
Comme une punition, tu redonnes naissance
Aux beaux jours envolés, éclatés par un tank.
Porte de la Chapelle, un carton, une rue,
Les lieux pour en finir apparaissent légion,
Tu ramasses un scalpel, certain et résolu,
Enfin prêt à franchir ton ultime obsession.
Tu étreins cette lame et la lâches soudain,
A quoi bon essayer, tu fais fi des remords.
Tu entends en ton âme un beuglement lointain,
Comment pourrais-tu tuer un être déjà mort ?
Coincé entre deux mondes, ni vivant ni parti,
Pris entre deux états, liquide et incertain,
Enchaîné à la ronde, tu cherches tes esprits
Mais encore tu prends ton courage à demain.
Appétit insatiable, ta longue solitude,
En cette pipe en verre a trouvé un remède.
Ton trou interminable empli de finitude
T’a offert un prénom : on t’appelle Crack-Head.
Elfi