Il est inondé de lumière.
Il a quatorze ans. Il mène une humble vie et sait se contenter de peu. Il vit avec ses deux parents, et, si richesse matérielle il n’a pas, d’amour il ne manque nullement. Sa maison est sombre et modeste, mais lui est rayonnant de vie. Il ne travaille pas encore et apprécie la vie pour ce qu’il y trouve : du bonheur, de la tristesse, des déceptions et des surprises.
Il s’écarte et tourne le dos à la lumière avant de se mettre en marche.
Il a dix-huit ans. Il mène toujours une humble vie, mais ne s’en contente plus. Il vit toujours avec ses parents et délaisse l’amour qui l’entoure au profit de son aspiration à la réussite. Sa maison n’a pas changé mais il tend à l’embellir. Son visage est marqué par son ambition et il n’est plus aussi resplendissant. Il a commencé à besogner et ses jours se font de plus en plus fades.
A chacun de ses pas, il s’enfonce un peu plus dans l’obscurité.
Il a vingt-cinq ans. Il mène désormais une vie luxueuse mais ne s’en contente pas. Il vit seul à présent, et les sentiments lui importent peu puisque seule l’abondance trouve grâce à ses yeux. Sa maison est grandiose et lumineuse alors que sa figure est grise et triste. Il a fait fortune et son existence n’a de sens que par son labeur et le foisonnement de biens.
Il n’aperçoit même plus la lumière derrière lui mais continue de s’engouffrer.
Il a trente-cinq ans. Il mène une vie fastueuse et ne sait plus se contenter de peu. Il vit seul, et, si de richesse matérielle il ne manque nullement, d’amour il n’a pas. Sa maison est éclatante et démesurée, mais lui est morne et accablé. Il travaille mais ne connaît plus rien de la vie et ne se complaît que dans l’exubérance et la débauche.
La pénombre l’enrobe et soudainement la petite flamme de vie qu’il lui restait s’éteint.
Samuel