Une vie à pleurer

Sarah était née dans une famille de médecins, et il avait toujours été convenu qu’elle en deviendrait une elle aussi. Elle avait toujours excellé dans les études, au prix de ses passions et de nombreuses amitiés. Aujourd’hui, elle entrait en deuxième année d’externat, et son avenir semblait tout tracé.

Comme à son habitude, après les cours, elle rentra directement à son appartement pour étudier. De retour chez elle, elle s’installa à son bureau et se prépara à travailler. Mais quelque chose était différent. Depuis un certain temps, un sentiment de mal-être l’avait envahie, mais elle ne comprenait pas ce qui en était la cause. Et à cet instant précis, elle arriva enfin à mettre le doigt sur ce qui n’allait pas.

Elle ne voulait plus devenir médecin. Enfin, plutôt, elle s’était rendu compte qu’elle n’avait jamais voulu devenir médecin en premier lieu. Sarah n’avait jamais eu son mot à dire sur la direction que devait prendre sa vie, ses parents avaient toujours tout décidé à sa place. Elle aimerait leur dire que cela ne lui convenait plus, qu’elle voudrait abandonner. Mais c’était impossible. Elle savait d’avance que toute discussion à ce sujet ne changerait rien. Ses parents ne le permettraient jamais, son destin était de devenir médecin. Comme eux.

Et à quoi bon lutter, de toute façon. Elle avait déjà passé quatre ans dans cette filière, et il lui en restait encore beaucoup avant de décrocher son diplôme d’État. Elle avait déjà perdu trop de temps, c’est ce qu’elle se disait. Ces années ne pourraient jamais être récupérées, alors elle préférait continuer plutôt que tout recommencer.

Toujours assise à son bureau, Sarah aperçut une feuille qui dépassait de sa pochette posée sur son étagère. Elle l’attrapa et prit le papier qui avait attiré son attention. C’était un dessin. L’une de ses nombreuses créations. Elle passait son temps à dessiner quand elle était plus petite, et elle était même devenue extrêmement douée. Elle aurait aimé suivre des études d’arts et se dévouer entièrement à sa passion. Mais ses parents ne s’étaient jamais intéressés à ses hobbies, ils jugeaient que vivre de son art était un projet trop risqué, et que faire un vrai métier comme eux était plus sûr.

Alors, abattue, elle se mit à pleurer, froissant le dessin qu’elle tenait toujours entre ses mains.

Axel