Session d’apnée

C’est drôle, comment un simple événement a la capacité de nous tenir en haleine rien qu’à sa simple évocation. C’est comme si tout ce qui précédait n’était qu’une excuse pour atteindre ce moment précis. Tout est bon pour nous donner un peu de courage et d’entrain pour poursuivre notre quotidien semé d’embûches, non ?

Sûrement que cette pensée est digne d’une session de thérapie.

Si chaque souffle pouvait retarder l’instant où cet évènement prend fin, alors je passerais ma vie en apnée. Mais il est d’autant plus douloureux de savourer la capacité de respirer quand on sait qu’il va falloir s’en priver à nouveau dans une tentative désespérée d’arrêter le temps. Au final, on ne respire que pour se préparer à ces temps d’apnée, en espérant durer de plus en plus longtemps. Certains auraient fait d’excellents plongeurs, quitte à ne plus en revenir, peut-être envoûtés par les sirènes un peu plus bas. Vous me direz, mais pourquoi ne pas plonger avec une bonbonne d’oxygène ? Vous apprécieriez un moment, s’il pouvait exister pour toujours ? Faites-vous votre propre réponse.

C’est ce qui nous tient, l’éphémère et le renouveau. Les plus habitués arrivent à survivre avec un tuba, d’autres se débattent sous l’eau jusqu’à ce que leur corps saccade du manque d’oxygène, puis certains se laissent couler.

J’entends quelque chose au loin, on m’appelle, dois-je répondre ?

« Oui ? »

J’aurais peut-être dû rester sous l’eau.

Caroline