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Il y a des pensées qui nous frappent plus fort qu’un 38 tonnes percute un chihuahua de grand-mère. Des réflexions qui nous roulent dessus, laissent une empreinte indélébile et repartent comme si de rien n’était. Comme si elles ne venaient pas à l’instant de changer le paysage à jamais.

Il y a quelques jours, alors que j’étais assis devant une série, une de ces idées s’est frayé son chemin jusqu’à mon crâne et a pris grand soin d’y laisser un impact. D’un coup, je réalisais que je n’étais pas seul. Il y avait une autre personne dans la pièce. La véritable surprise ne se trouvait pas tant dans la présence de cette personne, mais plutôt dans cette épiphanie soudaine : je me sentais bien. Je ne remettais pas en question mes moindres paroles. Je n’étais pas mal à l’aise, tendu ni stressé. Mes piles sociales étaient encore chargées à bloc.

Assis devant une série avec ma petite amie, je me sentais bien.

Pour la plupart des gens, c’est un acquis, « je vis dans cet endroit alors j’y suis chez moi », mais pour moi c’était une nouveauté. J’ai grandi avec des parents séparés depuis mes moins sept ou moins huit mois à peu près. J’ai grandi avec deux maisons. Mon enfance s’est déroulée sans souci sur ce point-là, mais avec le recul, la phrase « […] à la maison, pas celle-là, l’autre » sonne assez étrange pour la majorité des gens.

Même après avoir passé un an à vivre seul, les meilleurs moments dans mon ancien studio étaient ceux où j’oubliais ma solitude, que ce soit à travers mes amis ou des distractions. Je n’étais pas à ma maison, plutôt dans un entre-deux.

Assis devant une série avec ma petite amie, je réalisais soudainement que j’étais chez moi.

Ensuite, des citations me traversèrent l’esprit (je suis en lettres, évidemment que je pense à des citations arrogantes sur mon temps libre). L’une était de Sartre, « L’enfer c’est les autres », l’autre était de Diaz Canales, contredisant le premier, « L’enfer c’est le silence, l’absence de rire ». Et puis je constatais que je n’étais d’accord avec aucun des deux. J’avais, au contraire, trouvé mon paradis. C’est dans ce silence avec une autre que je me sentais heureux.

Dans cet espace entre les rires, qui n’était ni gênant ni préoccupant, j’avais trouvé ma maison.

Assis devant une série avec ma petite amie, dans notre appartement, j’étais parti très, très loin. Alors qu-

« Arthur ?

– … Yep ?

– Tu t’es perdu dans ta tête ?

– … Yup.

– Ça se voit.

– Ça te gêne si on fait un retour arrière de 20 secondes ?

– Non non, t’en fais pas, tout va bien.

– Je crois que j’ai un livre à t’offrir. »

Arthur

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