Destinée châtiée

Censure.

Vile. Inattendue.

Nul ne s’était attendu à ce que cette affaire se mue ainsi, en une ridicule myriade de piaillements sur laquelle l’Inquisiteur règne en maître. De la détresse de ses sujets, il ricane. Eux qui pensaient réussir à s’échapper indemnes et préserver leur intégrité d’attaques plus traîtresses que sincères, il ne leur reste plus qu’à pleurer sur le cadavre de leur prétendue intelligence.

A se vanter de leur plan, à répéter que jamais il ne les attrapera, c’est par leur bêtise infinie que leur destin s’est scellé. La vanité, maîtresse de leur désir, celui qui a insufflé en eux le mirage d’un répit bien mérité, les a aveuglés, si bien que la captivité est maintenant leur châtiment. Devant les cellules des malheureux, de sa dextre il agite ses clefs. Leur fait briller la liberté en échange d’un service : un manuscrit.

Derrière lui, ses fidèles cerbères, armés, à l’affût des faits et gestes des embastillés.

La lumière se fait chimère. Frémit face à la plainte d’une détenue, déterminée à faire entendre l’injustice qu’elle et ses camarades subissent.

A la place, l’Inquisiteur fait de cette rebelle l’exemple à ne pas suivre. Depuis, les affabulateurs désespérés, privés de leur libre arbitre, narrent l’éclipse de l’existence d’Ambre, victime de l’assujettissement de l’atelier d’écriture.

Mælusine