Les glagladiateurs

Un nuage de fumée blanche s’échappe de mes lèvres.
La pièce est gelée.
8 h 30 du matin, le temps semble s’être figé
Et chacun grelotte, secoué par des tremblements
Incessants.
La peau est au supplice,
Les doigts et la bouche sont aussi violets qu’un coucher de soleil.
Alors on remet son manteau,
Glacées, givrées,
On enfile son écharpe,
Et on lorgne avec envie sur le thermos de thé bouillant de la prof
Ainsi que sur le gobelet de café de Christelle.
Dans ce royaume de neige,
Traversé par des revenants d’un bleu lugubre,
On croit mourir,
Les membres se tétanisent peu à peu,
Les fluides des canaux lacrymogènes se changent en glace,
Nos extrémités ne sont plus qu’un lointain et bienheureux souvenir.
Je tremble, je pleure et j’implore,
Augmentez le chauffage !
Mais personne n’entend mon douloureux cri mental,
S’évertuant à bouger les doigts le plus vite possible sur leur clavier
Tout en se dandinant dans une tentative de réchaud.

C’est alors que vient le miracle,
Tel le Christ revenant sur Terre,
La pause est annoncée.
Entraînée par l’urgence,
Question de vie ou de mort,
Je cours vers le radiateur.

Je me sens revivre,
Qu’il est brûlant au milieu de cette glace !
Mes sens s’activent, mon cœur rebat, mes yeux papillonnent
Et ma chair de poule s’apaise.
Serrée entre Ambre et Christelle,
Je remercie le miracle divin,
A moitié sanglotante et nécrosée.

Le Corbeau