Tombeau de vie

J’aime la mort comme j’aime la vie,

Parce qu’on les hait ;

Et qu’elles troublent l’existence autant qu’elles l’emplissent

De leur fatalité ;

Parce qu’elles sont complémentaires, douces-amères,

Symboles de l’existence pure :

Parce que nous sommes captifs

Du temps qui jamais ne dure,

Parce qu’elles sont prises dans leur œuvre ;

Ô mort ! Expiration de la vie !

Parce que la mort est une veuve,

La vie une harpie ;

Parce qu’elles sont l’ombre et la lumière,

Parce qu’on les fuit,

Parce qu’elles forment à elles deux notre memento mori.

Vivants, faites grâce à la veuve obscure,

A la belle naissance,

Chérissez le répit, chérissez le petit,

Oh ! Aimez la vie !

Il n’est rien qui n’ait sa mélancolie ;

Tout veut sa merci.

Dans leur inévitable fin, pour peu qu’on s’abstienne

De les oublier,

Pour peu qu’on leur accorde un regard assagi,

Tout près, loin du temps,

La nuit éternelle et la lumière du jour

Murmurent : Amour !

Cléa