Qui veut la place de M. Cabot ?

Nouveau prof à l’atelier d’écriture. La sentence est tombée sans aucune explication. À part un mail laconique du Guichet Unique. Les étudiants attendent dans la salle surnommée Ci-gît 107, salle où ils se sont cramés tant de neurones pour trouver LE mot farfelu que M. Cabot sortait de son chapeau et qu’il pensait si évident. L’atelier où l’aire de Broca est bien utile dans l’art de gentiment brocarder. La classe gargouille de questionnements : Qu’est-ce qu’il fait ? Qu’est-ce qu’il a ? Qui c’est celui-là ? Quand tout à coup débarque le pâle pastiche de M. Cabot : petit, au teint cramoisi, mais surtout sans chapeau.

– Bonjour, je ne vais pas y aller par deux départementales, je suis le remplaçant de votre professeur qui est alité, avec les quatre fers qui tremblent, du fait d’une crise d’apoplexie foudroyante. L’habit ne faisant pas le professeur, il a mangé son manteau, de rage de ne pouvoir être présent aujourd’hui. Mais comme on dit, après l’orage, l’arc-en-ciel, et me voici devant vous. Je vais arrêter d’être bavard comme un impie, je ne veux pas être votre bouc-et-mystère et je vous invite à ne pas monter sur vos grands chevreaux.

Alors que nous nous regardions tous estomaqués, le nouveau professeur continua son charabia, et je me demandais si ce n’était pas un coup de la CIA.

– Bon, je vais arrêter de m’emmêler les princes sots, parce que comme vous le savez, il ne faut pas mélanger les couteaux et les serviettes. D’ailleurs, à ce sujet, c’est en rémoulant que l’on devient rémouleur, et de fil en anguille ce n’est pas du gâteau d’avoir une plume aiguisée.

Eléa