Rimbaud Frédy le père

On dit que Jean Nicolas Arthur Rimbaud, né à Charleville – enfin Charle… quelque chose, je ne me souviens plus exactement, peut-être Charles-City, ou Chambéry ? – le 20 octobre 1854, fils de Frédéric Rimbaud, adorait son père. On ne sait s’il le vénérait, mais son père semblait avoir répandu la félicité sur sa famille ; s’en suivit une sorte de bénédiction sur les siens, tel un magicien plein d’allégresse qui aurait apporté bonheur, rimant avec picoleur, sur sa propre famille bienheureuse. En effet, je pense que leur bonheur était grand, un foyer uni, soudé, où il fait bon vivre, qui fait rêver chacun d’entre nous, un modèle familial idéal et idyllique.

On sait que le père qui était officier et un sacré coureur de jupons – quel joyeux luron, ce Frédy, entre nous ! – est revenu engrosser sa femme à chacune de ses permissions, tel un bon époux et père de famille, mettant un point d’honneur à honorer son devoir conjugal dans le dur labeur du lit parental. On sait que Frédéric n’était pas juste un géniteur, il donnait de sa personne dans ce dur exercice familial, toujours le sens du devoir bien fait et bien accompli, d’ailleurs les draps s’en souviennent ! Il n’a pas hésité à honorer et arranger sa femme vaillamment. Certains disent qu’il aurait vécu sa vie tel un baroudeur et un vaurien égoïste. Que nenni, il n’en est rien, le père était un père aimant, toujours droit comme un « i » dans le lit. Il était capable d’amour, ce grand capitaine, cet être plein d’honneur et honorant son rôle de père pour ses enfants, pour son foyer. Tel un bon jardinier, il semait toujours quelques spermatozoïdes à Charleville ou ailleurs : peut-être Chambéry, Charles-City – ma mémoire me joue des tours – parmi les divers horizons lointains qui l’appelaient lors de ses déplacements militaires et, soyons fous, sexuels aussi ; à y être, autant joindre l’utile à l’agréable. Mais on sait qu’il portait toute sa responsabilité et son devoir de père, il semble qu’il eût beaucoup pleuré à chacun de ses départs pour sa garnison. Cela était un crève-cœur pour lui, ses larmes ont nourri le fleuve la Meuse à devoir aller vadrouiller à gauche et à droite, à bécoter avec une grande application et dévotion absolue pour honorer la grandeur de la Patrie : la France ; et faire connaître le French kiss dans les contrées lointaines, en se souciant des choses de l’existence et des occupations quotidiennes de ladite famille qu’il avait fondée et qu’il portait avec bravoure. Tôt, Jean Nicolas Arthur Rimbaud, son fils, mesura tout le sens du sacrifice de son père et cela fut un véritable modèle pour lui – d’ailleurs, je pense que toute l’inspiration poétique, en grande partie, venait de là. Voir et savoir son père toujours à la quête de satisfaire son devoir qui aurait pu aller jusqu’au sacrifice ultime, celui d’avoir un autre enfant, a fait germer toute la poésie, cette aspiration à la liberté absolue pour contrebalancer les graves prises de risque de son père pour l’amour d’une nuit : telle est mon analyse d’érudit littéraire et fin analyste que je suis, moi Pierre Richon, à ne pas confondre avec l’autre incapable de Pierre Michon qui croit être un génie littéraire spécialiste de Rimbaud et aurait écrit un livre truffé d’erreurs : Rimbaud le fils, le père et le saint-esprit.

Frédéric Rimbaud avait eu comme charmante épouse Marie Catherine Vitalie, née Cuif, qu’il adora : une belle et magnifique femme blonde à la peau douce et pâle, dont certains comparaient même la beauté à la beauté de la Princesse de Clèves, ou à celle d’Yseult, je ne me souviens plus… bref, à une blonde bien gaulée !

On dit que ses enfants étaient émerveillés par la beauté et la grâce – ou grasse – de leur mère. Cette présence féerique de leur mère, Vitalie Rimbaud faisait qu’ils avaient toujours le sourire, tous les enfants ont fait leurs nuits dès la naissance, jamais aucun pleur, que des sourires innocents car la fée Vitalie s’était penchée sur leur berceau, heureuse et femme épanouie qu’elle était. On dit que Vitalie Rimbaud, pleine d’illusions, oscillait, tel un ange, avec un déhanché quasi divin. On sait que Vitalie, lorsque son fils devint Arthur Rimbaud, même avec son apparence de femme éthérée fut fière, prit totalement conscience du talent de son fils, de son allure éthérée sembla évoluer sur son nuage voluptueux, en tomba tellement vite qu’elle loupa une marche dans l’escalier et se cassa la binette ! Cela lui valut un mois d’immobilisation au lit, en plein mois d’août. Mais la chute accidentelle de sa mère inspira plus tard Rimbaud pour le titre de son recueil Une Saison en enfer. Arthur fut la créature merveilleuse dont elle fut la plus heureuse, un fils prodige – que dis-je : un ange – lui faisant penser que la vie est toujours si belle, les sentiments humains et la vie étant si merveilleux. Il est certain qu’enfant prodige, Arthur, dès son plus jeune âge, jouait avec les mots, les rimes, les vers, les proses, les poèmes, en français, en latin. Ses petits doigts d’adolescent, glissant, semblant presque danser sur les feuilles de papier pour tracer et graver à l’encre, lui ont permis de graver à jamais son inimitable talent littéraire, figure majeure de la littérature française, de jouer avec sa passion baudelairienne : il voulait se laisser aller, s’adonner à la douce rêverie, lui aussi, de pouvoir, un jour, transformer la boue en or, ou l’inverse, je ne sais plus ! Bref, faire quelque chose de sa vie, quoi !

Alizé