Murmures

Ça y est. Il est midi. Il fait la queue. Son ventre hurle son sentiment de vide. Ce même vide qui l’accompagne jour et nuit. Il ne sait pas tellement ce qui lui arrive, c’est comme ça nuit et jour. Il prend son plateau et se traîne. Mollement choisit son plat en répondant au bonhomme «Poisson s’il vous plaît». Voilà. Il sait que ce sera sa seule interaction de la journée. Il s’assoit péniblement. Tout lui fait mal. Tout tourne. Surtout son cœur qui se serre à chaque minute qui s’égrène. Il regarde au-dehors, regarde le ciel, et rêve un jour d’y voler. D’y voler et de voir tout de ce monde déchiré. 

Cette lumière solaire qui coule sur son visage le rend beau. Il a en lui quelque chose de touchant, mais qu’il ignore puisqu’il est trop occupé à n’écouter que lui. Lui ou ses petites voix qui lui murmurent à l’oreille de mauvaises choses que je ne connais que trop bien… Il est magnifique avec ce dos légèrement courbé, ces mains fines qui jouent aux ombres chinoises sur son plateau, sa nuque que recouvrent de légers poils transparents… Et ces yeux, d’un bleu presque gris, qui semblent disparaître avec cette luminosité, le rendant aveugle au monde…

Je ne sais que trop bien ce qui se passe. 

Tout l’emportera, un jour, sans que jamais il ne s’en aperçoive… 

Le monde l’engloutira. 

Ses murmures l’engloutiront. 

Et ses murmures seuls resteront dans ce monde.

Maïlys

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