La chronique pluvieuse

Chères lectrices, chers lecteurs, je concède que les écrits publiés dans la rubrique Chroniques du campus sont de très bonne qualité. Je dirais même qu’ils sont tout à fait merveilleux. Cependant, après ces nombreuses parutions digitales de la part de l’atelier d’écriture, plus insolites les unes que les autres, je m’apprête à vous conter LA chronique. Oui, mesdames et messieurs, celle que vous attendiez tous (sans même le savoir). Vous vouliez de l’authenticité, du croustillant, de l’inédit ? Vous allez être servis.

Sans plus tarder, voici l’anecdote. Que dis-je ? L’anecdhonte.

C’était un lundi matin, et je me souviens qu’il pleuvait des cordes lorsque je me suis garée sur le parking de Champollion. J’ai beau être originaire de Bretagne, aussi incroyable que ça puisse paraître, je déteste quand il pleut. Si vous vous le demandez, oui, je suis en sucre. Je claquai la portière de ma voiture et dégainai mon meilleur parapluie canne, acheté à Centrakor, et donc complètement rouillé, car je ne sais combien de pluies il a affrontées en deux années de loyaux services. Je le dépliai, m’y accrochai et marchai à pas rapides, direction la BU. Je m’étais levée tôt pour venir préparer (au dernier moment) un dossier de cinéma hispanique que je devais rendre trois jours plus tard, et autant vous dire que ma motivation était proche de zéro.

J’atteignis alors le sas vitré de la BU, repliai mon parapluie, et pénétrai dans ce temple de l’intellect où bouillonnent les cerveaux d’étudiants stressés, aux yeux cernés, mais concentrés. Alors que je m’essuyais les pieds sur le paillasson (déjà trempé) du lieu tant attendu, me prit le besoin subit de nettoyer mes lunettes. Problème ! Mon petit chiffon était au fond de mon cabas Longchamp, lui aussi imbibé d’eau. Je passai devant l’accueil de la BU et bafouillai un « bonjour » à l’intention des bibliothécaires, les yeux rivés sur le contenu de mon sac, un véritable capharnaüm portatif. Quand soudain, alors que j’étais au niveau de la porte étroite menant à la grande salle, CLAC ! Je fus stoppée dans mon élan. Butée, j’essayai encore de poursuivre mon chemin, mais quelque chose me retint. Je tournai la tête et vis, assises au coin presse, un groupe d’étudiantes mortes de rire. J’étais dans l’incompréhension, mais surtout prise de panique, quand j’aperçus mon parapluie, bloqué dans l’encadrement de la porte. Ni une ni deux, je tentai de retirer mon bon vieux compagnon coincé dans cet endroit saugrenu. Je tirai d’un coup sec, et TAC ! Dans un geste au ralenti, j’observai le bout de mon parapluie, complètement distordu. J’essayai de le redresser, et TOC ! Le bout me resta dans la main. Ah oui, tout ça en étant toujours devant mon fidèle public féminin, mi-gêné, mi-amusé, sûrement conscient d’être témoin d’une scène on ne peut plus pathétique. La tête haute, je mis à la poubelle la pointe de mon parapluie, ce brave paladin étant désormais infirme et impotent, puis repris mon chemin.

Voici, chères lectrices et chers lecteurs, ma chronique de la honte. Peut-être vous attendiez-vous à plus palpitant ? Eh bien, je m’en tamponne le coquillard. Si vous lisez ces mots, c’est que j’ai finalement réussi à attiser votre curiosité.

Lenael

Laisser un commentaire