Flashback

Mademoiselle, le train va démarrer ! Le contrôleur attend. Tout autour, les gens semblent pressés, il reste peu de temps… Je saute dans le wagon sans trop savoir pourquoi, j’espère juste ne pas avoir fait un trop mauvais choix. Et lorsque je regarde défiler le paysage, j’ai le cœur serré, empli d’autres images. Soudain, le train s’arrête et je descends doucement, incertaine de tout ce qui m’attend. L’année passée fut pleine de doutes et d’inquiétudes, ponctuée par un chapitre d’incertitudes.

Mais voilà que se dresse au loin, à la croisée des chemins, le lieu estudiantin qui façonnera mon destin. Passé le portillon et la première impression, mes yeux s’attardent sur les panneaux en quête d’informations. Je traverse, intimidée, la foule à grandes enjambées, et je me laisse happer par cette vaste marée. Soudain, retentit le gong du fameux discours de rentrée qui prend des allures de monologue sacré. Je tourne la tête, à la recherche de visage familiers, ne heurtant que des regards étrangers. Je finis par me lasser.

Passée l’euphorie de ce jour singulier, vient l’heure des premières rencontres, peuplées de ces instants durant lesquels on se re-raconte. Émergence de nouvelles amitiés…

Premier cours d’amphi, les vacances sont bel et bien finies. Le prof paraît plutôt sympathique, présentation alléchante d’un programme qui s’annonce épique. On se pointe à la cafet’, on se dit que ça se tente. Direction rayons frais, étal de sandwichs parfaitement alignés, j’ignorais alors que je signais un abonnement pour une bonne partie de l’année.

Un jeudi à 16h30, j’apprends qu’il reste des places en abondance, dans cette option à laquelle je faisais des avances, faussement complète par une erreur d’inadvertance. Véritable coup de chance, je dis adieu au cours de danse.

Automne studieux, hiver laborieux. Arrive le temps du premier partiel, je rêve d’une note qui tutoiera le ciel. A cette seule pensée, j’ai la boule au ventre : de ma confiance, il ne reste que des cendres. Ma feuille trempe dans un trop-plein de pensées, les mots sur le papier se mettent à trembler. Entre le surmoi, le ça et le moi, trop de maux à panser. Je souffle un bon coup, et à tête reposée, je finis par pondre quelque chose d’un peu sensé.

Un soir de février, le soleil est suspendu au-dessus du vide, les pigeons entêtés picorent la terre, avides. Judith et moi, toujours les mêmes sujets sur lesquels s’éterniser. On évoque un passé sans cesse à ressasser, on murmure un futur que l’on peine à prophétiser.

Voilà les oraux, tout un arsenal à déballer, sous les yeux d’un public à l’air mi-emballé. Travail de forcenées, à peine récompensé. Tenir un rythme effréné, surtout ne pas se décourager …

A l’ombre des grands arbres, Roger se prélasse. Les mimosas en fleur témoignent du temps qui passe. Jets de rire à la volée, moments de joie capturés.

Pour ne rien oublier de tous ces mois passés, j’aurais pu sur la toile utiliser la craie. Mais sur le papier je préfère les ancrer, confidences partagées de souvenirs dorés.

Julia

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