Visite en terre incongrue

Bienvenue à Jean Jaurès ! Attachez vos lacets et vos ceintures, la visite va bientôt commencer. Au planning, quatre étages d’aventure, de rencontres et de tor… de frissons.

À ma droite, un hall récemment rénové, avec de grandes fenêtres pour vous laisser apercevoir ce monde étrange qu’on appelle « l’extérieur ». Ne vous en faites pas pour les 15 centimètres d’épaisseur de poussière, c’est pour mieux admirer les éclipses en toute sécurité !

À ma gauche, l’équivalent d’un placard à balais, mais réservé aux licences de lettres et de langues. Si vous tendez l’oreille, vous entendrez régulièrement des *crac* suivis d’éventuels « Ah put- » : il s’agit là des conséquences de la relocalisation des budgets des licences de littérature, d’anglais et d’espagnol ainsi que d’une démonstration de notre reconnaissance pour leur dévotion à leur « dur » travail.

Nous allons maintenant quitter le hall principal pour entrer via une porte annexe, 50 mètres plus loin, derrière laquelle se cache la majorité des salles ainsi que la quasi-totalité du bâtiment. En effet, ce dernier est coupé en deux : d’un côté quelques salle désuètes accueillant les étudiants non-désirés se cachent derrière la porte centrale ; et de l’autre, l’entièreté des salles de cours.

Juste ici, vous pouvez apercevoir les deux amphithéâtres dans lesquels nos professeurs pourront avoir le plaisir de parler à trois mètres de distance de leur micro, et ainsi laisser ceux du fond se débrouiller avec leurs smartphones, ou d’effectuer leurs cours avec la housse de protection au bord des lèvres (voire entre), éclatant par la même occasion les oreilles les moins bouchées. La deuxième méthode en particulier fait des ravages, n’est-ce pas, monsieur A. Nonyme ?

« Mfhhggbgh. »

Tout à fait. Ces amphis sont cependant réservés aux licences non-scientifiques ayant un futur devant elles, comme par exemple celle de Droit, éventuellement celle de Psychologie ou bien encore… Hum…

Bref, passons à l’espace détente, dans lequel vous attendent nos deux fidèles machines multifonctions !

La première est un distributeur pas comme les autres, puisqu’il fait aussi office de casino, laissant le sort de votre futur diabète aux mains du hasard ! Votre canette tombera-t-elle, ou aura-t-elle besoin que vous achetiez le paquet de Skittles deux rangs plus haut ? Qui sait ! Certainement pas vous, cela au moins est certain ! Pas de panique cependant, comme toute chose capricieuse en ce monde, que ce soit un distributeur, un moteur ou un enfant, un coup de pied bien calé saura tout régler.

La seconde machine, quant à elle, se préoccupe de votre santé : saviez-vous que l’addiction au café est un phénomène qui touche de plus en plus d’étudiants chaque année ? Eh bien, grâce à ce petit bijou de technologie et son café plus artificiel que la hanche de ma grand-mère, la prochaine tasse de breuvage qui vous sera présentée ne fera surgir qu’une profonde envie de vomir au simple souvenir du gobelet bouillant que vous aurez tenu précédemment !

Passons maintenant à l’étage, empli de salles dédiées au travail, l’un des endroits les plus studieux de notre belle faculté. C’est pourquoi nous avons eu la brillante idée de faire construire un nouveau bâtiment juste derrière !

Comme vous le savez tous, un professeur qui beugle est un professeur heureux. Leurs douces voix sauront parfaitement s’accorder avec les mélodieux bruits de chantier qui vous accompagneront tout au long de cette merveilleuse année. Vous entendrez parfois de grands *boum* : officiellement, il s’agit là des travaux et de l’effondrement des murs ; cependant, de vous à moi, c’est en vérité l’incroyable son des rêves et espoirs de nos étudiants s’effritant à toute vitesse sous le poids de la réalité. Splendide, n’est-ce pas ?

Nous nous orientons désormais vers la sortie, et ne parlerons ni du troisième ni du quatrième étage. Pourquoi ? Parce que le troisième est hanté par des âmes damnées ayant fait le terrible choix de faire des études supérieures.

Et le quatrième, vous dites ? Parce que, règle numéro 1, on ne parle pas du quatrième étage.

La visite touche à sa fin et je ne peux que vous remercier de votre présence, Mesdames et Messieurs. Souvenez-vous, si vous croisez un étudiant, ne le regardez surtout pas dans les yeux, et ne le nourrissez pas après minuit ! Passez une très bonne journée, et n’oubliez pas le guide !

Arthur

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