Avez-vous aperçu le funambule ?
Il se cache dans l’invisibilité de la hauteur. Il s’amuse avec les fils qui couronnent le haut des bâtiments. Il ne souhaite pas avoir tous les regards sur lui. Non, il veut juste ressentir le frisson de traverser un toit d’un bout à l’autre.
Ses apparitions presque fantomatiques interrogent sur son identité. Les murmures prétendent qu’il est un ancien étudiant, sans doute l’un des tout premiers à avoir foulé l’herbe de ce campus, que Jeff Champo le décrivit comme un rêveur, qu’il avait la tête dans les étoiles et qu’il cherchait toujours à toucher les nuages.
Ne partez pas ! Vous n’avez rien à craindre de cet être qui semble tout droit sorti des plus vieux folklores. Il ne profitera pas de son spectacle pour vous jeter un maléfice. Il serait porteur de bonne fortune. Il a en lui la même essence que le trèfle à quatre feuilles, le gui, le fer à cheval, ou que tous ces grigris porte-bonheur. Si vous l’apercevez sur son fil, peut-être que vous serez touché par sa poussière de chance.
Alors, avez-vous vu le funambule de Champollion ?
Il ne retient pas son souffle avant de monter sur son fil, il laisse ceux d’en bas le faire à sa place. Il préfère sourire avant de s’élancer. Un pas après l’autre. Parfois, il semble danser, s’envoler, il s’abandonne à la hauteur. Durant ces moments, le monde se fige. Plus rien ne semble exister hormis le spectacle envoûtant qu’il offre. L’écho de son rire se transforme en une musique digne des plus grands opéras.
Pour le croire, il faut le voir.
Pour le voir, il faut y croire.
Maëva