Des bruits qui courent

Il existe un endroit unique, un endroit où chacun s’agite. Un lieu où l’on danse, un lieu où l’on remue. Des marches précipitées comme des petits pas, bras croisés ou mains dans les poches. Les visages se confondent, pâles comme pressés, ils ont fait cette valse des centaines de fois, ils la feront cent de plus.

Tout n’est que rythme, une porte s’ouvre, une autre se claque, une porte se claque, une autre s’ouvre. Ici, on se dandine, ici, on se tord au-dehors comme au-dedans. Ici, on danse, ici, on alimente la machine, et parfois, ici, on survit.

Dans cette machine bien huilée, j’ai placé un grain.

D’ici peu, un quidam viendra. Je ne connais pas son âge, ni son nom. Je ne connais rien de lui, si ce n’est son genre et les quelques pas qu’il s’apprête à faire.

Une porte se claque, une autre s’ouvre. C’est de cette dernière qu’il sortira. Une journée bien remplie l’attend, bien que son corps le soit moins.

S’apprêtant à purifier ses mains et préserver son hygiène, il remarquera mon cadeau.

Un livre.

Un livre noir.

Un livre dont le titre imite, en partie, ce qu’il faisait derrière la porte désormais dans son dos.

Autopsst !

La curiosité le prendra, il saisira l’ouvrage.

Cette danse est censée être oubliée, n’étant qu’un simple besoin pour nos corps humains. Mais pour lui, aujourd’hui, elle sera une expérience. Une découverte, pour lui. Une anecdote, pour ses amis.

Et, très vite, mon grain de sable se fera sons.

Très vite, il ne sera rien de plus qu’un bruit qui court.

Arthur

Laisser un commentaire