Écrire… Publier… Réflexions sur les témoignages de 1914-1918

AVANT PROPOS

Par Rémy Cazals, 15 juillet 2021

Le Collectif de recherche internationale et de débat sur l’histoire de la Première Guerre mondiale (CRID 14-18) a toujours fait preuve d’un grand intérêt pour les témoignages des contemporains de cet événement majeur, comme le précise sa charte scientifique. On peut se référer aussi aux publications de ses adhérents (voir la « bibliothèque du CRID » sur le site www.crid1418.org ). Nous apprécions les livres très importants de Jean Norton Cru et nous opposons des arguments aux tentatives superficielles de dénigrement dont cet auteur a été victime. Nous avons continué son œuvre avec le volume collectif 500 témoins de la Grande Guerre (33 auteurs dont 14 en rapport direct avec l’université de Toulouse-Jean-Jaurès) et cette tâche se poursuit avec le dictionnaire des témoins en ligne sur le site du CRID.

            La nouvelle opération qui débute ici se présentera sous forme de « feuilleton » à périodicité bimensuelle. Elle pourra tenir compte des réactions des lecteurs, compléments, corrections éventuelles. Il faudra résister à la forte tentation d’exposer la richesse du contenu des témoignages, car ce n’est pas de cela qu’il s’agit ici. Les deux thèmes de cette recherche apparaissent précisément dans son titre : l’écriture des témoignages ; le problème de leur publication. Si l’on s’intéresse à l’information sur la guerre apportée par les témoignages, on peut renvoyer aux index des thèmes de Témoins de Jean Norton Cru et de 500 témoins, aux mots-clés du dictionnaire en ligne. On peut encore mentionner, sur le site de la Mission du centenaire, toujours en ligne en juillet 2021, les 23 textes faisant des recoupements entre témoignages (https://www.centenaire.org/fr/les-temoins-de-la-grande-guerre). À titre d’exemples : « Journaux intimes de femmes sous l’occupation allemande », « Soigner en première ligne », « La guerre à Mende », etc.

            Nous considèrerons donc les témoignages de cette époque de tension extrême seulement dans la décision et l’acte d’écrire, puis dans les vicissitudes de leur publication. Ce sera aussi l’occasion de mettre en valeur ces hommes et ces femmes, d’abord ceux qui ont vécu 14-18, mais aussi les « passeurs » actifs, efficaces, tenaces, qui ont contribué à faire connaitre les premiers, qui sont parfois leurs ascendants directs, mais pas toujours.

            Quelques références bibliographiques seront données au fur et à mesure. Dans l’immédiat, notons quelques éclairages généraux sur la question :

– Renaud Dulong, Le témoin oculaire, Les conditions sociales de l’attestation personnelle, Paris, Éditions de l’EHESS, 1998.

– Sylvie Decobert, Lettres du front et de l’arrière (1914-1918), Carcassonne, Les Audois, 2000 (à partir d’un excellent mémoire de maitrise soutenu à Toulouse, une synthèse sur le thème des correspondances privées).

– Annette Wieviorka, L’ère du témoin, Paris, Hachette Littératures, 2002.

Réception et usages des témoignages, sous la dir. de François-Charles Gaudard et Modesta Suárez, Toulouse, Éditions universitaires du Sud, 2007.

– Gislinde Seybert & Thomas Stauder (éd.), Heroisches Elend, Misères de l’héroïsme, La Première Guerre mondiale dans la mémoire intellectuelle, littéraire et artistique des cultures européennes, Frankfurt-am-Main, Peter Lang, 2 vol., trilingue, 1626 p., 2014.

Écrire en guerre, 1914-1918, Des archives privées aux usages publics, sous la dir. de Philippe Henwood et Paule René-Bazin, Presses universitaires de Rennes, 2016.

In guerra con le parole, il primo conflitto mondiale dalle testimonianze scritte alla memoria multimediale, a cura di Fabio Caffarena e Nancy Murzilli, Trento, Fondazione Museo storico del Trentino, 790 p., 2018.

– « La Grande Guerre des gens « ordinaires », Correspondances, récits, témoignages », colloque de juin 2018 à Montpellier, actes à paraitre.

Nous commencerons le feuilleton par une série de définitions et de remarques.