Pour la culture de la vigne, l’outillage va, dans un premier temps rester le même, bien que certains éléments auparavant en bois vont être remplacés par des métaux tel que l’acier, qui est d’une part plus résistant et d’autre part plus efficace. On peut également par la suite observer l’apparition de nouveaux outils comme la décavaillonneuse, spécialement conçue pour la production viticole et qui permet un meilleur travail de la terre.
Lors des vendanges, on remarque également une amélioration de l’outillage, puisque auparavant (et plus particulièrement au début du XIXe siècle), on utilisait des serpes ou des serpettes afin de tailler la vigne. Ces dernières seront progressivement remplacées tout au long du siècle par des sécateurs (invention datée de 1815 et qui n’a cessé d’être améliorée durant le XIXe siècle en fonction du travail qui lui est attribué). L’industrialisation permet donc une multiplication des différents outils, le vignoble gaillacois n’échappe pas à cette logique et va à travers le temps développer sa propre identité à travers des outils qui lui sont totalement propres. L’un des outils les plus caractéristiques, reste le sécateur-serpette, l’utilisation de la serpette pour l’entretien et la récolte des grappes est une habitude propre à Gaillac qui résistera jusque dans les années 1980 avec l’apparition du sécateur électrique.
En revanche, il est nécessaire de préciser que l’apparition des différentes maladies de la vigne tout au long du XIXe siècle va entraîner a fortiori la conception et l’utilisation de nouveaux outils, indispensables pour tout domaine viticole qui souhaite cultiver la vigne. On a parmi ces différents outils la soufreuse qui permet au vigneron de pulvériser sur la vigne une bouillie composée essentiellement de souffre. Le souffre, permet de lutter contre certains champignons nocifs pour la vigne et plus particulièrement il permet de lutter contre l’oïdium. Il est important de préciser que durant le XIXe siècle, la soufreuse se diversifie et peut se représenter sous différentes formes. Le pulvérisateur à dos, mais aussi sur roue qui permettent de traiter les vignes en fonction de leurs surfaces ou bien de mieux répartir le travail. De plus, lors de la lutte contre le phylloxéra (que nous aborderons dans la deuxième partie), le XIXe siècle voit le développement des outils à greffes. Pour lutter contre ce parasite, la région de Gaillac a opté majoritairement pour une greffe de cépages français sur des pieds de plants américains. Le « pied-mère » américain accueille donc un cépage « noble » pour allier la résistance au phylloxéra à la qualité des cépages français. Les entailles pour les greffes se faisaient tout d’abord au couteau, puis ils ont été remplacés par les outils à greffe, plus rapides et donc plus efficaces. Ces outils à greffes sont tous différents d’un modèle à l’autre, les facteurs de ces variations dépendent de la qualité des pieds, mais aussi des cépages, de l’encoche désirée pour relier le pied et le cépage, ainsi que la forme des pieds. La demande est tellement importante qu’elle permet l’apparition d’un nouveau métier, celui de maître greffeur.
La pratique de la greffe qui est encore pratiquée de nos jours, offre une nouvelle dimension au métier de vigneron. En effet bien que laborieuse, la greffe permet une forme d’expérimentation en créant à la fois les plants les plus résistants possibles mais aussi les plus compétitifs.
Le XIXe siècle voit donc de nouveaux apports d’un point de vue technique sur l’outillage utilisé dans le vignoble, mais dans l’ensemble, la culture viticole reste encore très rurale dans ses pratiques.