Les crises touchant la vigne sont diverses jusqu’au XIXème siècle. Les maladies émergentes, comme l’oïdium et le mildiou, sont rapidement maîtrisées et des solutions sont trouvées. Elles permirent de limiter les dégâts et d’endiguer la progression de ces fléaux. Cependant, le phylloxéra marque clairement un tournant important dans une viticulture relativement paisible jusqu’au milieu du XIXe siècle. Les surfaces cultivées progressent rapidement et atteignent 483 000 hectares en 1880.
En 1863, le professeur J.O. Westwood découvre des gales sur des feuilles de vigne qu’il reçoit d’un correspondant londonnien. Il y découvre un puceron qu’il décrit dans une communication présentée en 1857 à Oxford, mais sa découverte, jugée insignifiante, est ignorée.
Les mêmes symptômes sont retrouvés au Portugal en 1867, alors que le phylloxéra est introduit en France par des ceps de vigne américains porteurs sains de l’insecte.
Monsieur Delormes, vétérinaire à Arles, signale pour la première fois la maladie le 8 novembre 1867 dans une lettre adressée au président du comité agricole d’Aix-en-Provence. Une commission d’études est rapidement désignée, composée de Gaston Bazille (Président de la Société centrale d’agriculture de l’Hérault), Jules-Émile Planchon (Docteur en sciences, en médecine et en pharmacie, Directeur de l’École Supérieure de Pharmacie) et de Félix Sahut (horticulteur et président de la Société d’horticulture de l’Hérault). En 1868, ils mettent en lumière la responsabilité de l’insecte dénommé phylloxéra dans le dépérissement de la vigne, à la suite de quoi ils publient rapidement plusieurs ouvrages destinés à informer les vignerons de leur découverte, comme le Bulletin de la société d’Agriculture.
L’insecte fut rapidement identifié en Suisse et en Autriche au début des années 1870, puis en Espagne et en Italie, jusqu’en Australie, en Afrique du Sud, en Algérie et au Pérou.
En 1870, le Ministère de l’Agriculture crée une Commission supérieure du Phylloxéra avec pour objectif de centraliser tous les traitements contre la maladie pour les expérimenter et les diffuser.
En trois décennies, la maladie contamine la majeure partie du vignoble français. Les différentes mesures prises par les autorités n’ont pas d’effets notables. L’État produit de nombreux arrêtés et décrets, interdisant notamment l’importation de nouveaux pieds, qu’ils soient français ou étrangers, mais sans que cela ne freine la propagation de la maladie. Les conséquences de cette maladies sont donc sans précédent.