Même si le XIXème siècle marque un tournant décisif pour la vigne, il ne faut pas oublier les crises antérieures que connu la vigne auparavant. Malheureusement, même si ces crises, principalement climatiques, existent, elles ne sont que très peu documentées. En effet, les principales descriptions de catastrophes météorologiques comme la rouille, la grêle, la gelée, la pourriture ou encore le dessèchement des graines, nous sont rapportées par les auteurs antiques comme Caton ou encore Pline l’Ancien (Voir l’article « la vigne dans l’antiquité de Raymond Billard pour en savoir plus) de façon incomplète et imprécise. On a également des traces d’atteintes de la vigne par les animaux, tels que les oiseaux, les renards, les ours ou encore les insectes. Ces derniers notamment, comme l’altise et le gribouri, furent à l’origine de destructions importantes des bourgeons, des feuillages et des grappes.
Enfin, les agronomes latins nous rapportent que de nombreux fléaux touchèrent les exploitations viticoles lors de leur introduction en Gaule, notamment à cause du pourridié, une maladie des racines, de l’anthracnose, une maladie des feuilles, et de la pourriture grise, qui touche le raisin. Cependant, monsieur Olivier Yobrégat, du pôle Sud-Ouest de l’Institut Français de la Vigne et du Vin, nous rappelle que ces descriptions sont à appréhender avec précaution, eu égard à leurs origines anciennes.
D’un point de vue local, les premières crises bien documentées du vignoble gaillacois remontent au XVIIIème siècle. Dans les années 1750 et 1760, les gelées provoquèrent la destruction de 3 à 5% de la superficie du vignoble. On a retrouvé des prières faîtes par les consuls de la ville de Gaillac, au XVIIIème siècle, pour la protection des vignes, . L’hiver 1709 fut particulièrement difficile, car l’écart des températures entre le gel et le dégel a engendré d’importantes inondations du vignoble, rendant les récoltes infructueuses.
Le début du XIXème siècle est marqué par l’apparition de plusieurs maladies et parasites, prémices du phylloxéra, comme la flavescence dorée, la maladie de Pierce, la maladie bactérienne, l’oïdium en 1845, le mildiou en 1878 et enfin le black-rot en 1885. La plupart de ces maladies ou parasites s’attaquent aux feuilles et aux racines, rendant le vin imbuvable. Les conséquences sont pourtant limitées par la mise au point rapide de méthodes de traitement, notamment le soufre et la bouillie bordelaise (mélange de chaux et de sulfate de cuivre), même si le mildiou et l’oïdium entraînent une forte chute de la production, qui passe de 39 millions d’hectolitres en 1851 à 11 millions en 1854.
De nombreux viticulteurs sont obligés d’abandonner leur vignoble ou d’en arracher les plants. Cependant, ces crises et leurs conséquences sont sans aucune mesure avec l’arrivée du phylloxéra, qui bouleversa profondément le domaine de la viticulture.