La route des dressels

C’est grâce aux inscriptions sur les amphores que les historiens peuvent remonter jusqu’à leur fabrication et suivre les flux du commerce du vin. Mais c’est un travail difficile car les amphores sont réutilisées pour transporter des marchandises différentes, il est donc compliqué voire impossible d’avoir la certitude que telle amphore n’a contenu que du vin.
De plus, il n’est pas seulement contenu dans des amphores mais aussi dans des tonneaux et autres contenants qui ont disparu avec le temps, il n’est donc pas possible de chiffrer exactement les quantités exportées et importées.

Amphores romaines de type Dressel 2/4, entre le Ier et le IIème siècles. Conservées au musée Soler Basco de Xàbia en Espagne. (Source : commons.wikimedia.org)

Cependant, sur le dressel (un contenant en terre cuite) étaient référencées le fabricant et son lieu de fabrication. En retrouvant des fragments, l’historien peut donc savoir si les contenants transitaient sur des distances plus ou moins longues en tentant d’évaluer de façon imprécise les quantités d’amphores transportées. Comme par exemple avec le dressel 2/4 de Narbonnaise de la région de Béziers, ci-contre, qui est transporté jusqu’à Rome en petite quantité.

Les historiens ont donc retracé le parcours du vin avant que la Gaule n’en obtienne le monopole au IIème siècle avant notre ère. Les négociants italiens amènent les vins romains dans un premier temps par la mer Méditerranée en partant de Cosa en Italie puis déposent une première livraison de marchandises à Marseille. De là, ils empruntent une dernière fois la mer pour atteindre la côte au nord de Arles qu’ils rejoignent ensuite par les fleuves. Le négociant italien remonte jusqu’à Lyon qui est à ce moment-là le point de ralliement de toutes les amphores qui arrivent d’Italie, de la péninsule ibérique, de la Gaule méridionale, de la Méditerranée orientale et de l’Afrique du Nord. Elles y sont alors stockées et de la ville partent les différents flux dans toute la Gaule. Elles sont transportées dans des charrettes puis, arrivées dans les villes, les amphores sont déversées dans des puits en bois creusés dans le sol. Les historiens découvrent un trajet destiné à alimenter le Grande Bretagne, faisant ainsi passer des amphores par le fleuve de Lyon vers Bibracte jusqu’au point d’arrivée en traversant la Manche. Le trajet final ressemblait donc à cela :

Le circuit du vin romain en Europe passant par la Gaule dans l'Antiquité. (Source : inrap.fr)