La répartition démographique des vignerons doit avant toute chose tenir compte des statuts de ces dits vignerons. On compte au cours de l’année 2014, 85 000 associés coopérateurs. Selon une étude réalisée en 2007 par le Conseil national des centres d’économie rurale (CNCER), les principales régions d’exploitation vinicole sont : le Maine-et-Loire, la Saône-et-Loire, la Loire-Atlantique, la Gironde, le Gers, le Var, le Tarn, l’Aude, le Gard et la Drôme. Selon cette même étude, la surface totale des exploitations vinicoles en France en 2008 recouvrait 813 000 hectares (ha). En 2005, on dénombrait 77 658 exploitations vinicoles.
La partie méridionale de la France regroupe surtout des producteurs indépendants et c’est dans le Sud de la France que l’on trouve la majeure partie des vignerons indépendants. La plupart du temps, les vignerons indépendants sont issus de la classe moyenne et ne constituent pas la partie la plus représentative des strates sociales supérieures au sein-même du milieu vinicole. C’est d’ailleurs la fragilité des vignerons indépendants qui a incité ces derniers à s’organiser en confédérations syndicales successives afin de faire face à la concurrence des caves coopératives. En effet, leurs revenus ne permettent pas forcément aux vignerons indépendants d’investir autant que les vignerons appartenant à des caves coopératives. Les confédérations syndicales leur permettent d’investir grâce aux cotisations syndicales.
Les caves coopératives représentent davantage les strates sociales supérieures de la société, allant de la classe moyenne supérieure à ce qu’il serait convenu d’appeler la petite et moyenne bourgeoisie. Cette diversité de grandeur entraîne par conséquent une diversité considérable de moyens financiers. Un vigneron ayant un rang social élevé possédera de plus grandes ressources économiques, ce qui aura une influence importante sur la taille de son exploitation.
Si l’on prend l’exemple du vignoble gaillacois, nous avons pris connaissance au cours de notre entretien avec Alain Rotier, vigneron indépendant de Gaillac, que les terres gaillacoises ne sont pas excessivement chères au regard de l’ensemble des parcelles viticoles nationales.
Nous avons pu constater qu’en France la majeure partie des travailleurs de la vigne, qu’ils soient vignerons ou autres, sont des hommes. Néanmoins la profession reste aussi bien accessible aux hommes qu’aux femmes. Quant à la moyenne d’âge, elle n’est pas forcément élevée dans le secteur viticole. On observe également une forte reproduction sociale au sein de la profession de vigneron. Lorsqu’un enfant né de parents vignerons est imprégné depuis l’enfance par ce milieu socio-professionnel, il n’est pas rare que cet enfant reprenne l’exploitation de ses parents à l’âge adulte, ayant développé une certaine attirance pour cette activité au cours de sa jeunesse. Selon les propos rapportés par M. Rotier, le milieu gaillacois est principalement constitué d’exploitations transmises de génération en génération. En effet le coût de l’achat d’une exploitation, et par la suite de l’installation, rend difficile l’acquisition de terres viticoles pour des acheteurs éventuels qui se trouvent en dehors du cercle familial, cercle possédant ces parcelles mises en vente. La plupart des exploitations étant acquises par héritage, il n’y a de fait que très peu de contrats de fermage (contrats de locations).
Par ailleurs, nous avons clairement pu dissocier différents statuts sociaux chez les vignerons en fonction de la taille de leurs exploitations. On remarque en France que le statut d’une exploitation ainsi que les revenus qui en découlent varient en fonction de la taille du domaine, on observe donc une diversité de taille d’exploitations dans chaque région.
On a pu noter que dans certaines régions telles que celle de Bordeaux ou de Champagne, il y a un plus grand nombre de grosses exploitations, contrairement au Sud-Ouest qui est plus disparate sur ce point. Le statut des vignerons varie en fonction des régions, dans la mesure où chaque région se caractérise par un cépage spécifique, et par la renommée relative de chaque vin. De surcroît, le statut des vignerons peut varier en fonction de la superficie et de la taille de leurs exploitations.
Nous pouvons donc dire que chaque région a un profil sociologique de vigneron spécifique de part sa superficie et sa production.