Le problème de l’ébriété du peuple n’est pas une préoccupation seulement française mais bien européenne. En effet, en Europe durant l’époque moderne, la consommation d’alcool ne cesse d’augmenter et commence à inquiéter les pouvoirs en place. Nous connaissons tout d’abord l’exemple de Charles Quint en 1531 qui tente de réguler les fêtes les dimanches lors desquels les gens boivent à l’excès. Pour cela, il rédige un règlement par lequel il limite les invités des festins aux parents et amis proches, et fixe un seuil d’invités ne devant pas excéder vingt personnes. De plus, il fixe la limite de la durée des festins jusqu’au lendemain midi au plus tard. Il y a aussi des tentatives de régulations des fêtes dans les villes comme à Lille en 1549 ou à Saint-Omer en 1606 où les noces sont réduites à trois repas ainsi qu’à vingt paires d’invités. Les souverains des Pays-Bas, Albert et Isabelle, tentent eux aussi de réduire les dégâts causés par les festins de noces en limitant le nombre d’invités à trente paires et la durée des fêtes ne doivent pas excéder plus de deux jours.
De plus, ils interdisent aussi les repas d’enterrement, propices aux excès d’alcool. Toutes ces mesures prises en Europe durant le XVe et le XVIe siècles se concluent toutes par le même constat : ce sont des échecs. Selon Robert Muchembled, les causes de ces échecs peuvent s’expliquer par le fait que « les habitudes conviviales constituent les rares moments de joie d’une existence difficile ». De plus, ces excès de joie et d’ivresse raviveraient chez les populations européennes de l’époque moderne, un sentiment d’appartenance à une communauté.