Consommation et usage des religieux
Suite à la chute de l’Empire romain d’Occident, on constate un recul progressif de la viticulture en Europe à l’exception de quelques grandes villes. Relancée par les évêques, les abbés et les moines, la viticulture est sauvée. Les grands propriétaires viticoles sont aussi des ecclésiastiques et notamment des évêques. C’est le cas de Saint Didier, évêque de Cahors de 630 à 655 qui aurait possédé quatre-vingt huit villae, c’est à dire propriétés viticoles, en Quercy et en Albigeois.
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Ainsi, l’Église catholique convertit le vin, à l’origine retrouvé dans les rites païens, en élément sacré pour les chrétiens. En effet, cette boisson est un composant essentiel de la transsubstantiation. Le vin est un breuvage divin, inspirant l’art funéraire chrétien. Se développant sur des légendes telles que le Graal ou bien le dieu Dionysos, il est le composant qui représente le sang du Christ tandis que le pressoir représente la croix.
Dans l’eucharistie, le vin est une boisson que l’on retrouve sur l’autel. Le vin devient une denrée sacrée. Il est utilisé pour la messe et est offert à Dieu, permettant ainsi une connexion avec le monde divin. Il assure aussi le salut de l’âme des fidèles. Le salut est d’ailleurs indispensable pour la population car le poids de l’Église et de la religion sont extrêmement importants. C’est un élément essentiel, retrouvé lors des fêtes religieuses ou de la messe, favorisant ainsi l’union entre chrétiens.
Consommation dans les monastères
L’usage et la consommation du vin dans les abbayes est très encadré et très varié. Les moines consomment le vin cultivé sur leurs terres, car l’insécurité des transports rend l’importation difficile.
Il y a d’abord le vin réservé aux moines (un quart de litre par jour), qui varie en fonction du travail que fait chacun d’eux. La pénibilité est donc prise en compte et un moine copiste consommera moins de vin que celui qui travaille dans les champs.
Toutefois, cette consommation quotidienne doit rester raisonnable, l’ivresse restant fortement prohibée par l’Église. Durant le Haut Moyen-âge, l’abus de vin est considéré comme une faute grave . Les moines créent des enluminures représentant le sujet pour sensibiliser la population. Il s’agit là d’un moyen de se démarquer des païens. La règle de Saint-Benoît encadre d’ailleurs la consommation des moines. Cette consommation ne doit pas être excessive, toutefois la règle autorise une consommation plus importante lors des banquets pour changer du quotidien.
Une autre consommation est liée à l’exercice du culte, c’est-à-dire au vin réservé aux messes qui ont lieu plusieurs fois dans la journée. Les moines donnent aussi du vin aux domestiques, mais il ne s’agit pas de « bon vin ». Le vieux vin n’est cependant pas jeté, les moines se servent de miel et de fruits cultivés dans le verger pour en adoucir le goût.
Les monastères sont également des lieux de passage pour les pèlerins et d’autres voyageurs auxquels du vin est également servi. C’est particulièrement le cas des monastères se trouvant sur les routes de pèlerinages. C’est le cas des abbayes et monastères situés sur les chemins menant à Saint-Jacques de Compostelle, comme Conques. Les besoins importants en vin ont conduit à faire appel à des moines bourguignons apportant avec eux de nouvelles techniques de vinification. Il est donc important d’avoir des réserves de vin pour les différents hôtes de passage. Les meilleurs vins sont réservés aux hôtes d’exception (seigneur, évêque, prince…). Beaucoup de communautés monastiques reçoivent aussi des vieillards, des malades ou des vagabonds et doivent pouvoir leur fournir du vin car on lui prêtait alors des vertus nourrissantes et thérapeutiques.