Consommation des élites
Les personnes les plus riches et surtout les nobles consomment du vin dans des quantités assez importantes. Cette consommation leur est permise par des moyens financiers plus élevés que la plupart de la population. Ils peuvent aussi se permettre d’acheter des vins plus chers et de meilleure qualité. Ils privilégient les vins venant de vignobles réputés pour la qualité de leur production, comme par exemple Cahors reconnus pour leur caractéristique et leur finesse. Ces derniers sont d’ailleurs bien meilleurs que ceux de Bordeaux. Les officiers de la marine marchande se fournissent ainsi presque exclusivement avec des vins de Cahors. Il est aussi exporté jusqu’à l’étranger. Les écrits concernant le sujet sont assez précis mais concernent surtout des repas de fête. Les vins consommés sont qualifiés de « bons », « doux », « forts », « blancs » ou « rouges ». Nous savons aussi qu’il est bu frais et dans des récipients tenus frais aussi. Il est dilué avec de l’eau bien que les plus riches se permettent de le boire plus pur. Cependant, quel que soit le rang social des personnes, le rôle rafraîchissant du vin est un élément essentiel.
Nous savons que le vin permet d’éviter les problèmes d’épidémies liés à une eau corrompue apportant des maladies. Ainsi, comme les plus riches consomment plus de vin que les plus pauvres, ils sont mieux protégés de ce type de contamination.
Le vin est aussi un élément indispensable aux dynasties successives durant le Haut Moyen-Âge. En effet, à cette période, la monarchie des Mérovingiens et des Carolingiens est itinérante et a aussi besoin de vin. Ils detiennent donc directement des vignobles à proximité de chaque lieu de résidence.
Le vin prend une place importante dans la vie des élites car il permet de marquer les différences hiérarchiques entre les personnes. On sert par exemple des vins de qualité différente selon le rang et le prestige des hôtes reçus. La quantité et la qualité du vin servi est un moyen de se distinguer et de prouver publiquement un certain niveau de richesse. Certains événements, comme les entrées royales en ville, sont le moment idéal pour montrer sa richesse. Les plus riches ont alors le devoir de fournir la boisson. Cette sorte de don est d’ailleurs très importante car la religion le recommande.
Le vin a aussi un rôle diplomatique important. Il permet de ritualiser la vie politique en scellant par exemple des traités.
Enfin, la hiérarchie sociale entre les élites se manifeste dans la possession directe de vignobles et notamment par la surface de terre possédée.
Consommation des plus pauvres
Si le vin est consommé c’est principalement pour éviter la consommation d’eau non potable. L’eau potable est très rare, et nombreuses sont les victimes de contaminations par l’eau. Cependant, les plus pauvres ne peuvent pas consommer du vin comme le font les élites. Ils n’ont pas les moyens d’acheter du vin de qualité, même lorsque celui-ci est produit à proximité.
La pénibilité du travail des plus pauvres est telle qu’ils consomment quotidiennement du vin. Cela amène donc la population à trouver des solutions pour se procurer du vin à moindre coût. Leur principale alternative est le vin de repasse. Il est composé de sucres ainsi que des restes de tanins récupéré lors d’un premier pressage de la vigne. A ces restes est rajouté de l’eau afin d’obtenir un produit liquide. Le vin de repasse ressemble à du vinaigre et, tout comme le vin, il est utilisé comme désinfectant. Le vin est tout d’abord utilisé en cuisine. En effet, il entre dans la composition de soupes et de potages mais aussi de sauces, d’apéritifs ou encore de desserts. Il permet aussi d’attendrir les viandes car les bêtes tuées pour la consommation sont généralement vieilles et dures.
La consommation quotidienne de vin est différente selon les régions et les habitudes qui vont avec. En effet, sa consommation est plus rare au Nord de la France où la cervoise est plus répandue que le vin, notamment car il s’agit d’une boisson nourrissante et épaisse à base d’orge. Au Haut Moyen-Âge les vignobles sont encore moins développés au Nord qu’au Sud. Cette utilisation régulière par les plus pauvres s’explique aussi par la pénibilité du travail qu’ils ont à effectuer. Il permet ainsi de passer outre plus facilement avec, selon les idées de l’époque, des fonctions nutritionnelles importantes.