Dès la fin du XIX° et début du XX° siècle la vigne gaillacoise et nationale sont confrontées à l’une des plus graves crises qu’elles aient eu à traverser.
En 1870, les hectares de vignes sont ravagés par le Phylloxéra, un insecte de la taille d’un puceron qui ronge et détruit une bonne partie des pieds de vigne. L’insecte se répand dans tout le sud-ouest de la France et atteint les vignes du gaillacois. Il n’est cependant découvert par les viticulteurs que 10 ans après son arrivée. Durant cette période, pour faire face à la maladie, des cépages hybrides sont créés et importés depuis les États-Unis pour être implantés dans tout le territoire national.
Cependant le remède contre le Phylloxéra aura de graves conséquences sur le vignoble gaillacois. En effet les nouvelles vignes ont une croissance plus rapide que la normale et sont utilisées abusivement par les producteurs qui, craignent une nouvelle perte des plantations. Il vont se mettre à provoquer une surproduction des vignes. De plus leurs qualités s’avèrent terriblement médiocre et ils produisent désormais des vins peu alcoolisés qui peuvent passer pour de la fraude. Le nombre d’hectares cultivés remonte ainsi au dessus des 30 000 à la fin des années 1920.
Même si la crise peut paraître assez anodine, car au final la production fut relancée, elle n’est tout de même pas à prendre à la légère. Gaillac souffrira pendant une grande partie du début du XX° siècle d’une très mauvaise réputation sur la qualité de ses nouveaux vins. Par conséquent les consommateurs locaux des villes (comme Bordeaux) continuent de s’approvisionner en vin blanc importé d’Algérie même si il y a une reprise de la production. Au final cette perte de confiance en la qualité du vin de gaillac se traduit par une perte d’influence sur le marché local du vin.
Si l’arrivée du phylloxéras faisait partie d’une des causes de la surproduction, cette dernière ne prendra fin qu’à la suite d’un hiver très rigoureux en 1956. Il engendra une vague de froid qui s’abattit subitement sur les vignes avec des températures comprises entre -10 °C et -20 °C. Ces dernières ne peuvent supporter une baisse de température inférieure à – 8 °C . Ainsi sur les 39.800 ha produits en 1954 seuls 15 000 ha continueront d‘être exploités en 1960. Ironie des circonstances la majeur partie des pieds de vignes détruits était constituée de pieds bas de gamme issus de cépages hybrides de Rouge.
Effet inverse entre 1961 et 2000 on assiste brutalement à une diminution du nombre de jours de gel en hiver (de l’ordre de 3 à 4 jours tous les 10 ans dans la région du Tarn), et à une augmentation du nombre de jours où la température dépasse 25 °C en été (plus de 5 jours tous les 10 ans). En outre on assiste à une augmentation en moyenne de près de 1°C entre 1910 et 2000 suite au tout nouveau phénomène de réchauffement climatique. Mal connu dans les années 1970 ce phénomène provoqué par la pollution n’est découvert par les scientifiques qu’à partir des années 1990. D’ailleurs la dernière grande crise climatique aperçue se passa lors de la canicule de 2003 où près de 50% des productions gaillacoises sont perdues.
Ces phénomènes nous montrent bien que malgré l’investissement de Gaillac dans le progrès technique les pieds de vignes restent des organismes fragiles qui dépendent entièrement de leurs environnement et les vignerons de Gaillac sont obligés de s’adapter à ces variations climatiques.