Le principe de la viticulture raisonnée est d’avoir une utilisation efficiente des produits phytosanitaires. Néanmoins, ce point est controversé. On remarque que depuis les années 1990 une nouvelle tendance de la demande se dessine. Celle-ci, grandissante, concerne des produits sains mais sans hausse du prix. Les viticulteurs doivent y répondre afin de perdre le moins possible de consommateurs. Mais ce changement vers une viticulture plus saine se fait généralement pour des raisons plus économiques qu’éthiques afin de s’adapter à la demande. Pour bénéficier de ce statut les viticulteurs doivent accomplir des achats et réaliser des réaménagements. Généralement cela se traduit par une mise aux normes et une légère baisse des produits phytosanitaires.
L’agriculture raisonnée a été promue par l’Union des Industries de la Protection des Plantes. Leur implication a lieu au sein du FARRE (Forum de l’Agriculture Raisonnée Respectueuse de l’Environnement), pour montrer leur volonté de préoccupation à propos de l’environnement. Cependant, beaucoup de doutes persistent quant à leur réelle volonté de participer à l’amélioration des pratiques de protection de l’environnement. Le font-ils pour se donner une bonne image auprès de leur clientèle ? Dans la même logique Bayer édite une revue à propos de la protection de la vigne. Leur but est de rassurer les viticulteurs en leur dévoilant leur bilan moins négatif sur le plan environnemental suite à leurs recherches entreprises.
Après l’implication étatique en 2002, des critères ont été définis pour la viticulture raisonnée. Ainsi, la liste de produits autorisés a été restreinte. Nous pouvons donc supposer qu’auparavant des produits étaient dans la liste sans être en accord avec le principe de viticulture raisonnée. En parallèle, il existe la viticulture intégrée, qui est une pratique assez proche. En France, la viticulture raisonnée est plus présente que la viticulture intégrée. Cela entraîne un nivellement par le bas des exigences environnementales. En effet, les vignerons ne sont pas encouragés à aller au-delà des cadres de la viticulture raisonnée. La viticulture raisonnée représente une transition vers un respect de l’environnement car elle est la moins exigeante et la moins onéreuse.
Néanmoins, une expertise de l’INRA (Institut National de Recherche Agronomique) de décembre 2005, déclare que la viticulture raisonnée a été surestimée par rapport aux effets escomptés. Dans cette expertise, on nous montre que réduire les produits phytosanitaires n’apparaît pas comme la solution miracle. A force de diminuer l’utilisation des produits phytosanitaires, la vigne serait en danger à cause des ravageurs ou des maladies qui seraient de plus grands dangers.
En outre, le fait de progressivement limiter l’utilisation des produits phytosanitaires implique un surcoût et nécessite une vigilance accrue d’où le besoin d’une main d’œuvre qualifiée en quantité. Pour ce faire, le viticulteur doit réaliser des calculs, des diagnostics en prenant en compte les différents aléas (météo, maladies, risque de maladies, etc.). Avec ce calcul, il diminue progressivement l’utilisation de produits phytosanitaires. Suite à cela, deux erreurs peuvent être envisageables et nuire au concept de viticulture raisonnée. Dans un premier cas, il met trop de produits phytosanitaires et sa vigne serait trop exposée à ces produits. De ce fait, elle perdrait son titre de viticulture raisonnée. Deuxième erreur probable, il met une quantité insuffisante de produits phytosanitaires. Dans ce cas, la vigne court le risque de l’apparition de maladies et devrait donc utiliser des produits phytosanitaires encore plus forts pour combattre le phénomène.
Bien que la viticulture raisonnée soit qualifiée de « méfiante » ou de « douteuse », qu’elle ait du mal à devenir la voie future, cette viticulture a le mérite de s’inscrire dans un projet visant à limiter l’utilisation de produits phytosanitaires.