Les techniques de viticulture, qui ont été perfectionnées entre le XIe et le XIIIe siècle, restent presque identiques jusqu’à la révolution industrielle, voire jusqu’à l’apparition du phylloxera qui incitera les viticulteurs à user de pesticides. La plantation de la vigne suit ainsi un cycle général précis de manipulations.
Le premier acte fondamental est la plantation de la vigne : on plante les pieds très serrés les uns les autres, de novembre à avril, sauf en cas de gel. Les boutures sont constituées d’un sarment de l’année, combinées à un morceau de l’année précédente : on n’utilise jamais les pépins (comme aujourd’hui) car le temps nécessaire avant la production est considérablement allongé (il faut cinq ans pour qu’un pied commence à produire). Sans oublier qu’il y a un risque que le cep ne soit pas identique. Ensuite, le vigneron sélectionne les meilleures boutures (généralement chez ses voisins) de différentes espèces pour jouer avec leurs calendriers de végétation. Cette astuce lui permet d’obtenir une certaine protection contre les aléas climatiques, mais amène en contrepartie la nécessité de faire plusieurs vendanges. Enfin, une fois la plantation finie, le vigneron peut faire une ou plusieurs cultures intercalaires, souvent légumières (pois, fèves, haricots, lentilles), avant la première vendange.
Néanmoins, ce n’est qu’une partie du cycle puisque viennent ensuite les manipulations proprement dites appelées « façons de la vigne » :
- Le déchaussage, souvent opéré en novembre, consiste à ramener la terre sur les pieds de vigne pour les protéger du gel.
- La taille effectuée en février ou en mars a pour but de renforcer certaines branches et de permettre à la sève de se diriger vers celles-ci en particulier, afin d’obtenir des grappes de raisin plus grosses.
- Aux environs de mars, on réalise le bêchage, c’est-à-dire qu’on renouvelle les ceps qui produisent peu.
- Le binage, une fois le printemps bien installé en mai, consiste à aérer le sol puis les jeunes plants pour éviter le développement de maladies.
Ce cycle des manipulations doit, en principe, suivre le cycle biologique de la plante : les manipulations ont pour effet d’améliorer le rendement sans trop brusquer le cep, elles doivent l’accompagner chaque année pour qu’il produise son précieux fruit. Cependant, ce processus n’est pas toujours respecté durant le Moyen Age, cela dépend du propriétaire de la vigne.
Le passage à l’époque contemporaine ne change pas beaucoup toutes ces manipulations qui se transmettent au fil des générations, la plupart du temps de manière orale. Ainsi, même si la mécanisation devient de plus en plus importante, les exploitations viticoles contemporaines continuent de répéter les mêmes gestes. La seule grande différence est liée à la taille des domaines ainsi que les objectifs des viticulteurs. Par exemple, lorsque l’exploitation est très grande, on aura tendance à récolter le raisin de manière mécanique pour gagner du temps. Le cycle de la vigne général sera dès lors raccourci, puisqu’une des étapes sera écourtée.
Pour aller plus loin :
LE MENE Michel, « Le vignoble angevin à la fin du Moyen Age : étude de rentabilité », in Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public, 2ᵉ congrès, Grenoble, 1971, p. 81-99.
CLOS SAINTE-MAGDELEINE, Le cycle de la vigne, 2016/2016 [consulté le 10 mars 2017]. Disponible sur <http://www.clossaintemagdeleine.fr/index.php/fr/la-vie-au-domaine/les-vendanges>